Interview croisée de Jérôme Vienne et Krystopher Talon, Champions Ile de France Honneur avec le Rugby Aulnay Club

20/05/2022

Le 8 mai dernier, le Rugby Aulnay Club a remporté le titre de Champion Ile de France Honneur sur le score de 28 à 19 face au CS Clichy. Jérôme Vienne, l’entraineur de l’équipe et Krystopher Talon, le capitaine, reviennent sur cette finale et leur saison. Un échange convivial qui révèle beaucoup d’ambitions et de détermination de la part de ces deux hommes avec la volonté de poursuivre leur saison en championnat de France et de porter d’ores et déjà un regard sur la Fédérale 3.

Vous venez de remporter le titre de champion d’Ile de France en Honneur, racontez-nous cette finale, comment vous l’avez vécue ?

Krystopher Talon  : On a vécu ce match avec des sentiments particuliers parce qu’à Aulnay on a vécu beaucoup de matchs qui se sont mal terminés en finale donc au-delà du niveau de l’adversaire, il y avait cette « crainte » et une appréhension liée au passé. Je tire un coup de chapeau aux coachs qui ont très bien géré l’avant-match, ils ont su nous mettre en confiance et nous faire oublier la pression de cette journée. Ils nous ont convoqués très tôt pour faire un galop d’équipe qui avait pour but de dédramatiser l’événement. Arrivé au stade, il y avait beaucoup de monde ce qui nous a mis une pression mais une pression positive, il y avait un bon état d’esprit au sein de l’équipe. Malgré le premier quart d’heure qui a été compliqué, je pense que nous avons mené la rencontre de bout en bout avec une certaine maîtrise.

Jérôme Vienne  : Effectivement, le match s’est plutôt bien déroulé, les joueurs se sont mobilisés, ont bien travaillé ce qui a découlé sur un match relativement maîtrisé. On a réussi à mettre en place notre jeu et jouer notre rugby, on s’était bien préparés pour cette échéance. Le plus important, et ce qui nous a motivés, c’était de prendre du plaisir et de passer du temps ensemble. Je salue l’équipe du CS Clichy qui n’a rien lâché, qui a fait preuve d’engagement et de détermination.

Quel regard portiez-vous sur votre adversaire, le CS Clichy, avant de jouer ce match ?

Jérôme Vienne  : Le CS Clichy est une équipe en place, ils ont fait une très bonne saison. Nous avions gagné d’un point chez eux donc nous portions un regard sérieux et nous avons abordé ce match avec beaucoup d’humilité et d’abnégation.

Krystopher Talon  : Le CS Clichy est une équipe avec qui on a joué au coude à coude tout au long de la saison car malgré notre unique défaite sur cette saison face au ROC Giffois, ils étaient toujours collés à nos basques. Donc la semaine précédant la finale, on avait déjà des certitudes sur la qualité de l’adversaire, on avait conscience qu’on allait jouer un gros match de rugby.

Avec une saison rendue difficile avec la crise sanitaire, comment avez-vous assuré, Jérôme, l’attention et la concentration de l’équipe ?

Jérôme Vienne  : C’est un groupe qu’on travaille et peaufine depuis 3 ans. Nous avons essayé de créer une émulation en abordant un groupe senior complet avec un gros focus sur la réserve. Aulnay possède un effectif complet de 40 à 45 joueurs ce qui nous a permis d’aligner deux équipes compétitives tous les week-ends. Durant toute la saison, il y a eu des grands turn-over entre la première et la réserve pour essayer d’embarquer tous les joueurs et ne pas en mettre sur le côté. Avant le 3 avril face au ROC Giffois, nous n’avions pas perdu depuis janvier 2020 ce qui met en avant la volonté et la détermination de notre groupe. De plus, la structuration et le développement du club nous ont aidés à assurer l’attention et la concentration de l’équipe.  

Et de votre côté, Krystopher, cela n’a pas été trop dur de garder la motivation ?

Krystopher Talon  : La dynamique des résultats aide à garder la motivation et puis comme le dit Jérôme, c’est un groupe senior qui a été travaillé depuis 3 ans ; je ne sais pas comment te le décrire mais je pense que nous étions à l’apogée des relations humaines, on était hyper liés avec une super ambiance. Au cœur de l’hiver, les gars continuaient à venir s’entraîner et ensemble on a surmonté des moments difficiles car à cause de la crise sanitaire, nous n’avions pas joué durant un mois et nous avons dû rattraper les matchs avec zéro coupure donc 7 matchs et on n’en perd pas un seul. C’est la force du groupe qui a parlé à ce moment-là.

Comment expliquez-vous votre réussite  ? Est-elle à l’image de votre saison ?

Jérôme Vienne  : On commence par la base, nous avons beaucoup travaillé avec un groupe qui s’est construit avec des nouveaux arrivés et des enfants du club, la mayonnaise a bien pris avec la qualité des résultats. Ensuite, le mélange entre des joueurs et des coachs d’expérience fait que cela a créé un groupe très engagé, très en demande et avec beaucoup de certitudes sur nos capacités.

Est-ce que cette victoire en finale est pour vous le plus beau moment de la saison ?

Krystopher Talon  : Forcément, avec un titre derrière, c’est l’un des plus beaux moments de la saison mais si je dois te dire un moment qui nous a marqués, je pense que tout le monde te dira notre match contre le CA Chevreuse en hiver. Ça a été un moment charnière de la saison. Au bout de 18 minutes de jeu, on est menés 21-0. On a fait une entame catastrophique mais on gagne le match 21-26, ils n’ont pas marqué un seul point après la 18ème. Avec une victoire pareille, on a senti que notre saison avait basculé et qu’on allait jouer quelque chose cette année. Mais ça ne vient pas égaler un titre quand même (rigole).

Pour vous, dans quelles mesures l’entraîneur joue un rôle dans la réussite ou l’échec de l’équipe ?

Jérôme Vienne  : On a fait un gros travail sur la préparation de nos entraînements. Par principe, on fait très attention à nos adversaires mais on a aussi fait attention à notre collectif. Durant toute la saison, nous avons essayé de trouver des solutions pour résoudre nos points faibles, nos défaillances… Nous avons surtout mis des curseurs de réussite sur nos objectifs car nous leur avons imposé un niveau de jeu relativement exigeant. Et nous avons aussi fait du travail individuel joueur par joueur afin d’avoir toute l’équipe concentrée sur un seul objectif.

Krystopher Talon  : Le staff a imposé un cadre dont il était assez difficile de sortir et puis si tu en sortais, tu te perdais facilement. Le cadre de travail nous a permis d’évoluer dans d’excellentes conditions, on sait ce qu’on avait à travailler pendant l’heure et demie à l’entraînement, pas plus pas moins. Mais pendant celle-ci, les coachs nous demandent d’y mettre un maximum d’investissement et d’intensité.

Ils ont su créer à Aulnay un cadre de travail qu’il n’y avait pas avant, ils ont amené un certain professionnalisme et au final ils ont récolté le fruit de leur travail sur 3 ans d’encadrement avec petit à petit, de nouvelles exigences de travail. Si on demande à chacun des joueurs de revenir à l’ancien format, ils n’accepteraient pas malgré les concessions qu’on a dû faire dans nos vies privées et professionnelles.

Durant cette saison, qu’est-ce qui vous a demandé le plus de temps et d’effort ?

Krystopher Talon  : Je pense que la chose qui nous a pris du temps, c’est l’adaptation aux nouvelles règles. On était souvent dominateurs dans nos rencontres mais on a encaissé beaucoup de pénalités à cause des plaquages à deux etc…

Quelles attentes avez-vous pour la suite de la saison, voire pour les saisons suivantes car vous montez en Fédérale 3, quels seront vos objectifs ?

Jérôme Vienne  : L’objectif est d’aller le plus loin possible, on va continuer à bosser ensemble, partager des moments avec les joueurs. On va récompenser les joueurs qui ont participé à cette montée pour qu’ils puissent goûter au niveau de jeu de la Fédérale 3. Nous allons reprendre un travail de fond, s’évaluer et se mettre à niveau afin de figurer le mieux possible dans le championnat. On va essayer de mettre des conditions pour être compétitif.

Krystopher Talon  : Les attentes sur le court terme, c’est déjà de faire un beau parcours en championnat de France car on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Mais on a des ambitions, on va y aller match par match et on espère accrocher un beau parcours. Concernant la Fédérale 3, avec la nouvelle réforme, on ne sait pas trop comment cela va se passer donc l’objectif minimum, c’est de rester là où on est.